L’acte de témoigner

Abstract

Nous souhaitons réfléchir ici à la nature des poèmes qui ont été écrits pendant la première guerre mondiale, au front, à propos de la guerre, et dont on a envie de dire qu’ils constituent des témoignages. Ils sont très nombreux, et c’est par exemple le cas des poèmes de Marc de Larréguy de Civrieux, mort simple soldat, en 1916 (à 21 ans), dans une des grandes batailles de la guerre. Il les a écrits au front et son père les a publiés en 1920 dans un recueil intitulé La Muse de Sang et édité par une maison anarchiste. Ce recueil s’ouvre sur une préface qui a pour titre « Pour un martyr » et qui est due à Romain Rolland, l’auteur français que ses positions pacifistes avaient le plus signalé pendant la guerre. Elle est suivie d’un « Avertissement ». Viennent ensuite 20 poèmes, qui ne se signalent pas par une particulière modernité : ils sont en vers, et 9 d’entre eux adoptent une forme poétique traditionnelle, celle du sonnet. Le recueil se termine par une postface du père qui a pour titre « Mea culpa » et qui a aussi été publiée à part en 1922.